[ CÉRÉMONIE ANNIVERSAIRE DU 8 MAI - Discours de Madame le Maire]
"Aujourd'hui, devant ce monument aux Morts, nous commémorons le 80e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945, date historique marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Cette date marque bien plus qu'un événement militaire : elle symbolise le triomphe de la liberté sur l'oppression, de la démocratie sur la barbarie, de l'espoir sur la peur.
Elle est synonyme de paix.
C'est l'occasion de comprendre que la paix n'arrive pas par hasard : elle se construit grâce aux efforts et aux sacrifices de femmes et d'hommes qui ont lutté et osé résister.
Elle se construit dans la dignité, le respect de chacun et de ses identités, dans les valeurs de la démocratie.
En ce 8 mai 2025, alors que le monde vacille plus que jamais depuis la fin de cette guerre mondiale, il est de notre devoir de transmettre cette mémoire, non pas comme un simple récit, mais comme une boussole, un combat à mener au quotidien contre les extrémismes, l'obscurantisme, le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie.
La paix n'est jamais acquise. La démocratie n'est jamais définitive. Il est toujours bon de rappeler que voter est un acte républicain ; trop l’abandonnent. Rappelons-nous la lutte des femmes pour obtenir ce droit. Et que les femmes françaises ont voté pour la première fois le 29 avril 1945 !
Le devoir mémoriel nous dit tout cela. Nous ne cessons de le répéter à travers nos cérémonies annuelles.
Venez chaque année commémorer, rendre hommage, vous souvenir des hommes et des femmes, mais aussi porter haut les valeurs qu'ils nous ont léguées.
À Eymoutiers, cette mémoire résonne avec une intensité particulière.
Celle d'hommes et de femmes, souvent jeunes — paysans, instituteurs, cheminots, étudiants entre autres — qui ont dit « non ».
Non à la soumission. Non à la barbarie. Non à l’inacceptable.
C'est la Résistance populaire, la Résistance vivante, celle qui s'enracine dans les consciences.
C’est aussi la Résistance du Maquis, celle de Georges Guingouin, de ces hommes, de ces femmes, des figures emblématiques qui ont toujours refusé la gloire personnelle.
Souvenons-nous de ces événements marquants qui jalonnent toutes nos cérémonies lorsque nous rendons hommage sur nos stèles ici à Eymoutiers :
Au Monument aux Morts,
À la Bibliothèque, mais aussi,
À la Condamine, pour honorer les combattants tombés en juillet 44 lors d'un affrontement avec les Allemands qui suivit un défilé des maquisards ici même quelques jours auparavent. Sept résistants y ont perdu la vie.
À Farsac, en février 1944, où trois résistants ont péri et où une femme courageuse, Mélanie Périgaud, fut déportée pour leur avoir donné asile.
Au Buchou, deux stèles pour se souvenir des rafles de 42 et celles des 6 et 7 avril 1944. 56 personnes — femmes, hommes, enfants et même un bébé — furent déportés dans les camps de la mort.
Souvenons-nous aussi de la destruction d'une pile du viaduc de Bussy-Varache, sabotée par les résistants du Maquis en 1943 pour couper la ligne ferroviaire Limoges-Ussel.
Pensons à ces familles d'Eymoutiers qui ont caché des enfants juifs, aux Justes, aux réfractaires, à tous les messagers, les cuisiniers du maquis, à toutes celles et ceux qui ont risqué leur propre vie pour celle des autres.
Souvenons-nous de ce qu'ils ont vécu…
Chers collégiens présents aujourd'hui, parlez à vos amis demain au collège, dites leur d’imaginer leurs camarades il y 80 ans, le mercredi 9 mai 1945, lendemain de la Victoire.
Certains revenaient à l'école après des mois d'absence. Ils avaient fui les combats, avaient été cachés dans d'autres régions. Ils retrouvaient des salles de classe froides, parfois abîmées, aux fenêtres cassées qu'il fallait réparer, aux murs qu'il fallait repeindre.
Certains portaient la douleur d'un père disparu, d'un frère fusillé, d'une mère déportée. D'autres vivaient l'incompréhension face à ces années de guerre.
Malgré ces blessures, ils reprenaient le chemin de l'école, avec une immense soif d'apprendre.
Chers collégiens, vous êtes les héritiers de ces destins.
Ces héros d'hier sont nos grands-parents, nos arrière-grands-parents. Leur mémoire nous appartient.
Elle nous confie une responsabilité : celle de continuer à croire en la liberté, en la solidarité, en la paix.
Aujourd'hui, 80 ans plus tard, notre responsabilité collective est double.
Celle de transmettre. De rappeler aux jeunes générations que la paix n'est jamais acquise, qu'elle se construit chaque jour. Que les valeurs portées par la Résistance — la justice, la liberté, la solidarité entre autres — sont toujours vivantes et doivent nous guider.
Celle d'honorer. D'honorer celles et ceux qui se sont levés alors que tant d'autres se taisaient. D'honorer une génération dont le courage éclaire encore notre époque, marquée hélas par la montée des extrémismes et des replis identitaires.
En ce 8 mai 2025, alors que la seconde guerre mondiale n'est plus un souvenir lointain mais a ressurgi aux portes de l'Europe, dans un monde dirigé par des chefs d'État ignorants de cette mémoire, dépourvus de conscience historique et civique, aveuglés par leur ego démesuré, il est plus que jamais nécessaire de se souvenir et de transmettre.
Que la mémoire d'Eymoutiers — courageuse, solidaire, résistante — continue de nous inspirer à travers ses habitants d'hier.
Qu'elle guide nos pas vers un monde plus juste, plus pacifique, plus fraternel.
Nous sommes tous réunis, ici, autour de ce Monument aux Morts, place Jean Jaurès. Je terminerai donc par une citation de celui qui lui a donné son nom :
« La paix est le plus grand des combats. »
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Nous remercions les porte-drapeaux, les pompiers, les gendarmes, les enseignants, Madame la présidente de l'ANACR, leurs membres, membres d'associations mémorielles, les citoyennes et citoyens, les élèves des écoles, ainsi que les collégiennes et collégiens du Collège Georges Guinguoin pour leurs participations à cette cérémonie.
Un grand merci à Lou, Anatole, Romy, Lucie, Jeanne, Melody Rose, Clovis, Antia, Hizar, Joshua et Romane pour leurs poèmes et le message à l'UFAC.
Merci également aux élèves de la chorale du Collège pour leurs chants.
Merci à Monsieur le Principal du Collège M. Pascal pour la transmission, l'organisation et son poème, à Mme Ribiéras, à Mme Jozon, à M. Mondoux pour leur accompagnement, leur travail et leur contribution à l'organisation de cette magnifique cérémonie.
Nous remercions également Franck Mathieu, professeur au CIMD, qui a accompagné au piano les chants et la Marseillaise.
Enfin, merci aux agents de la commune et à vous toutes et tous, nous étions nombreux !